"Brueghel & Van Balen. Artistes & Complices", au "Musée de Flandre", à Cassel, jusqu'au 28 Septembre 

écrit par YvesCalbert
le 01/09/2025

Cassel, reconnu, en 2018, comme étant le village préféré des Français, au « Musée départemental de Flandre », à l’occasion du 400e anniversaire du décès de Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), surnommé            « Brueghel de Velours »70 oeuvres (4 dessins, 2 estampes, 16 miniatures sur vélin & 48 peintures) nous sont présentées  jusqu’au dimanche 28 septembreincluant des oeuvres d’Hendrick van Balen (1575-1632), un artiste anversois méconnu, avec qui il travailla pendant vingt-cinq ans, de 1600 à 1625.

Cette exposition, « Brueghel & Van Balen. Artistes & Complices », a reçu, du Ministère français de la Culture, le label « Exposition d’Intérêt national », un label qui distingue les expositions d’envergure favorisant la diffusion de la connaissance  et l’accès à la culture, pour toutes et tous. Il souligne un projet ambitieux, fondé sur des collaborations nationales et européennes, et profondément ancré dans l’histoire et les patrimoines des  Flandres.

Lisons le propos de Cécile Laffon, directrice du de « Musée départemental de Flandre » « Dernier fils du grand  Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1569), Jan Brueghel l’Ancien marque son temps par son sens de la couleur et sa touche miniaturiste hors du commun. De la peinture d’histoire, en passant par les bouquets de fleurs et les scènes de chasse, la diversité est le maître-mot qui guide sa production. Spécialiste des paysages, des fleurs, des fruits et des animaux, Jan Brueghel l’Ancien s’adjoint souvent les compétences d’autres peintres, chargés de représenter les figures humaines. Et notamment celles d’Hendrick van Balen, un artiste qui eut une carrière brillante, (lui qui fut) reconnu pour ses impressionnants retables d’églises ainsi que pour ses tableaux plus intimes, inspirés de la mythologie greco-romaine et de la Bible. À la tête d’un grand atelier, ses œuvres étaient parfois mieux rémunérées que celles de Pieter Paul Rubens (1577-1640). Une amitié profonde liait Van BalenRubens et  Brueghel, si bien qu’à la mort de ce dernier, Van Balen et Rubens furent nommés co-tuteurs de ses enfants. »

De son côté, co-commissaire de l’exposition - avec Cécile Laffon -, Jahel Sanzsalazar, historienne de l’art, écrivit : « (Il convient d’) inclure Hendrick van Balen dans cette aventure, l’artiste avec qui Jan Brueghel l’Ancien a collaboré le plus souvent, nous offre cette possibilité. Montrer son approche est essentiel pour mieux comprendre les dynamiques artistiques de son époque. Peintre érudit, prolifique et très apprécié en son temps, il a pourtant fini par tomber dans l’oubli. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il est allé à contre-courant, se tenant à l’écart des mises en scène dramatiques du baroque dominant. Il évite la violence et le réalisme expressif pour privilégier la finesse, la  délicatesse. Son but ? Séduire l’œil, captiver le regard avec douceur. Et il y parvient si bien que Cornelis de Bie  (historien de l’art/1627-après 1712/ndlr) disait que son art avait le pouvoir de chasser la tristesse du cœur. »

– La présente exposition se décline en 4 sections :

** « Jan Brueghel l’Ancien : un artiste aux multiples facettes » :

Dans « L’Adoration des Mages », héritier d’une dynastie de peintres initiée par son grand-père Pieter Coecke d’Alost (1502-1550) et portée au sommet par son père, Pieter Bruegel l’Ancien, Jan Brueghel l’Ancien joua avec des motifs tirés du répertoire de son père, qui décéda un an après sa naissance, ne pouvant donc lui offrir un apprentissage direct. Toutefois, malgré cet encombrant héritage, il traça sa propre voie et devient l’un des peintres les plus inventifs de son temps.

Son voyage en Italie fut décisif, y ayant rencontré des peintres, mais aussi certains de ses mécènes, comme le cardinal italien Federico Borromeo (1564-1631), qui lui restera fidèle toute sa vie. S’étant installé à Antwerpen, en 1596, il y poursuivit sa carrière, son talent en faisant l’un des artistes les plus en vue, à Bruxelles, à la cour des  archiducs Albert (1559-1621) et Isabelle (Isabelle-Claire-Eugénie/1566-1633).

** « Hendrick van Balen, un peintre à contre-courant » :

Reçu, en 1593, à la « Guilde des peintres de Saint-Luc », à Antwerpen, Hendrick van Balen – pétri de culture antique, sa curiosité s’étendant à tous les domaines, de l’histoire à la médecine, en passant par la religion et la botanique – se retrouva, dès 1602, à la tête d’un important atelier, au sein duquel il forma de nombreux élèves, dont Anthony van Dyck (1599-1641), intégrant , dès 1605, la prestigieuse « Guilde des Romanistes », réservée aux peintres ayant fait le voyage à Rome.

À une époque où la fougue baroque s’imposait comme le style à la mode, les gracieuses figures d’Hendrick Van
Balen, d’une exécution soignée, s’écartaient délibérément de tout réalisme expressif, marqué par la violence
ou la souffrance. Aussi, ses œuvres, particulièrement prisées des cercles érudits et des riches commanditaires,
circulèrent dans toutes les cours princières d’Europe et même au-delà de notre continent.

** « Une collaboration couronnée de succès » :

Dès 1600, Hendrick van Balen et Jan Brueghel l’Ancien débutèrent une collaboration fructueuse, qui sera
interrompue, en 1625, par le décès de ce dernier. Ensemble, ils produisirent des peintures de cabinet, de petit ou
moyen format, destinées aussi bien aux collectionneurs les plus exigeants qu’aux marchands, exportateurs d’œuvres d’art.

Leur duo explora de nombreux sujets mythologiques ou bibliques et proposa de nouveaux schémas de 
compositions, le rôle de chacun différant d’une commande à l’autre. Ainsi, dans « L’Enlèvement d’Europe »,  Hendrick  van Balen exécuta la majorité des motifs, y compris le paysage, l’intervention de Jan Brueghel l’Ancien se limitant à la corbeille de fleurs. Ailleurs, c’est Brueghel qui réalisa le paysage et la nature morte, prenant l’ascendant sur les personnages de Van Balen.

** « Brueghel & Van Balen, pères & fils » :

Si nous évoquions des créations en duos, il n’était pas rare que ce travail en commun réunisse plus de deux artistes , comme pour « Le Banquet d’Ulysse et la Nymphe Calypso » (vers 1620), pour lequel collaborèrent Hendrik van Balen, pour les figures, Jan Brueghel l’Ancien, pour les animaux et les fleurs, & Joos de Momper le Jeune (1564 –1635) pour le décor de la grotte.

À la mort de Jan Brueghel l’Ancien, son fils Jan Brueghel le Jeune (1601-1678) reprit la tête de l’atelier et poursuivit le travail avec Hendrick van Balen, puis avec le fils de ce dernier, Jan van Balen (1611-1654), qui apprit le métier de peintre au sein de l’atelier familial, son style, à la jonction entre baroque et classicisme, témoignant des nouveaux goûts qui s’affirment, en ce milieu de XVIIe siècle.

– Les Allégories, un sujet inépuisable :
La tradition voulait que ce soit une figure humaine qui incarne l’allégorie. Ici, au contraire, c’est le paysage de Jan
Brueghel l’Ancien et ses éléments de nature morte – fleurs, animaux, objets – qui constituent le motif principal. Les
délicates figures d’Hendrick Van Balen s’intègrent parfaitement dans cet environnement onirique et condensent tous
les symboles disséminés dans la composition, donnant naissance à un véritable « paysage allégorique ».

– La mythologie : figures héroïques et paysages idylliques :
Les scènes mythologiques issues des textes d’Homère (VIIIe siècle avant notre ère) ou d’Ovide (48 avant notre ère-an 17 ou 18), sont l’occasion pour Jan Brueghel l’Ancien et Hendrick van Balen de montrer l’étendue de leur érudition, tout en flattant celle de leurs commanditaires. Au cœur des paradis verdoyants de Brueghel, les figures divines de Van Balen privilégient l’harmonie plutôt que le drame, relégué à l’arrière-plan et pourtant indissociable des mythes antiques. Van Balen trouve dans ces sujets l’occasion d’exprimer à merveille sa maîtrise du nu féminin. Quant à Brueghel, il ponctue ses paysages idylliques de fleurs, de fruits et d’animaux, témoignant de la multiplicité de son talent.

– Guirlandes et bouquets ou la parfaite harmonie entre nature et figure :
Le thème de la guirlande de fleurs entourant un médaillon central, avec, le plus souvent, la Vierge à l’Enfant, qui, à
partir de 1607-1608, apparait dans le corpus des deux artistes, rencontrant rapidement un vif succès. Ces  compositions florales, à l’occasion combinées à des légumes, des fruits et des animaux furent, ensuite, déclinées avec des figures mythologiques, témoignant une fois de plus de la complémentarité des deux artistes, l’intervention de Van Balen dépassant parfois les limites habituelles du médaillon. Le soin apporté par Brueghel à travailler
chaque fleur d’après nature, lui imposait parfois d’attendre plusieurs mois avant de pouvoir les peindre, témoigne de
sa recherche extrême d’exactitude, portée à son plus haut degré de perfection.

– Derniers propos :

Après nous avoir présenté, en 2024, Nicolas Mathieu Eekman (Nikolaas Mathijs Eekman/1889-1973), le « Musée départemental de Flandre » relève, à nouveau, un audacieux pari, celui de réserver un espace pour mettre en lumière des artistes flamands délaissés, nous offrant une chance unique d’aller vers l’inconnu, de formuler de nouvelles questions et de stimuler la recherche, afin de nous offrir de véritables découvertes, des outils de croissance précieux, afin de faire avancer la connaissance.

Grâce à des prêts exceptionnels de grands musées internationaux et de collections privées, le « Musée départemental de Flandre » honore sa mission de mettre en lumière des artistes oubliés, en soulignant, ici, nla relation entre « Brueghel et Van Balen. Artistes et Complices ».

En parfaite opposition avec certaines déclarations du président d’un parti francophone belge, qui souhaiterait la suppression du « Ministère de la Culture » du Gouvernement wallon, Cécile Laffon écrivit : « La culture est un outil puissant au service de la cohésion, de l’inclusion et de l’épanouissement collectif, renforçant le lien social, participant à la promotion de la diversité, contribuant à la transmission des connaissances et à l’émergence d’un esprit critique, favorisant l’insertion sociale et professionnelle. »

Catalogue (Ed. « Snoeck Publishers »/couverture souple/2025/216 p./285 x 245 mm/135 Illustrations) : 35€.

Ouverture : jusqu’au dimanche 28 septembre, du mardi au vendredi, de 10h à 12h30 & de 14h à 18h, le samedi & le dimanche, de 10h à 18h. Adresse : Grand’ Place, 26, Cassel. Prix d’entrée (incluant l’accès à la collection permanente) : 6€ (4€, en tarif réduit / 0€, pour les moins de 26 ans, les PMR et un accompagnant, ainsi que pour tous, le dimanche 07 septembre, sans oublier, à l’occasion des « Journées européennes du Patrimoine », les samedi 20 & dimanche 21 septembre). Audio-guide : 02€. Visite guidée individuelle (1 h.) : 2€ (0€, pour les bénéficiaires d’une gratuité). Livret – jeux pour les 7-12 ans : 0€. Parcours en famille en autonomie « La Besace à Audaces » : 0€. Contacts :  00.33/3/59.73.45.59. Site web : https://museedeflandre.fr/.

Une collaboration gourmande : Le « Musée départemental de Flandre » a travaillé avec Eugène Hobraiche, restaurateur étoilé de l’établissement « Haut Bonheur de la Table », qui a concocté 5 recettes inédites, inspirées de 5 tableaux de la présente expo temporaire, utilisant des produits locaux & de saison que l’on retrouve dans les tableaux flamands ! Ce resto est situé, lui aussi, sur la Grand’ Place de CasselSite web :  https://www.hautbonheurdelatable.com/.

Cette exposition étant reprise dans la programmation de « Fiesta », la 7è édition de « Lille 3000 », de nombreuses autres expos sont à découvrir dans la métropole lilloiseSite web : https://fiestalille3000.com/.

Yves Calbert.

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Yves Calbert

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