"Steve McCurry Icons", sur la Grand' Place, jusqu'au 01 Septembre

écrit par YvesCalbert
le 09/06/2025

« Je suis un conteur visuel, pas un photojournaliste » (Steve McCurry).

« Ma vie est façonnée par le besoin urgent d’errer et d’observer, et mon appareil photo est mon passeport » (Steve McCurry).

« Une photo peut exprimer un humanisme universel, ou simplement révéler une vérité délicate et poignante en exposant une tranche de vie qui pourrait autrement passer inaperçue » (Steve McCurry).

Pour toute personne aimant la photographie et/ou les voyages à la rencontre de l’autre, une exposition à ne pas manquer, « Steve McCurry Icons », accessible jusqu’au mardi 01 septembre, au cœur d’un ensemble architectural reconnu au « Patrimoine mondial de l’UNESCO », au N° 05 de la Grand’ Place de Bruxelles, nous présentant plus de 100 photographies de grands formats, superbement éclairées.

Né à Philadelphie, en 1950, ayant étudié le cinéma à la "Pennsylvania State University", avant de travailler pour un journal local, devenant membre de la réputée agence de presse "Magnum", en 1986, Steve McCurry écrit : « J’ai commencé à voyager avant de m’intéresser à la  photographie. J’ai vécu quatre ans en Suède et à Amsterdam, puis j’ai traversé l’Europe de l’Est, la Turquie, … Ce n’est qu’après cette période que je décidai que quoique je fasse dans la vie, les voyages devaient en faire partie … Vint ma découverte de l’Inde, un pays, aux traditions vieilles de plusieurs siècles, dont je suis tombé amoureux, y retournant 80 à 90 fois, sans jamais m’en lasser. »

Après nous être attardés dans une première salle nous proposant une série de portraits réalisés dans différents pays, illustrant sa passion de l’Inde, dans la seconde salle, il nous présente ses photos relatives aux gares ferroviaires et aux trains indiens.

La salle suivante nous emmène dans des monastères bouddhistes, en Asie, où, grâce à des photos, parfois saisissantes, nous partageons quelques instants de la vie des moines, nous rappelant un propos de Steve McCurry  : « Pour réussir une photo, une alchimie de quelques secondes peut suffire. »

Lors d’un passage, en 1984, dans le camp de réfugiés de Peshawar, au Pakistan, il se retrouva faisant face à une  jeune-fille afghane aux yeux verts, de l’ethnie pachtoune, dont il ignore, alors, le nom – prouvant ainsi sa  fascination pour les visages -, une photo qui fera la couverture, en 1985, d’un « National Geographic », permettant à son auteur d’être reconnu, mondialement.

Conscient de ce que cette photo lui a apporté, Steve McCurry partira, avec l’appui de « National Geographic », à la recherche de cette personne, qu’il retrouvera 17 ans après l’avoir photographiée. L’ayant retrouvée, reconnaissant, il permettra d’améliorer les conditions de vie de Sharbat Gula, lui offrant un logement et l’accès aux études pour ses enfants.

Parmi les histoires (traduites en français) racontées, dans l’audio-guide, par Steve McCurry, notons celle, prise au  début de la mousson – qui fit une couverture d’un « National Geographic » -, où l’on voit un Indien évoluant dans l’eau jusqu’au menton, une machine à coudre sur son épaule droite … Ayant reconnu l’une des machines, qui sortit de ses ateliers, son fabriquant voulu retrouver cet homme, … à qui il offrit une nouvelle machine à coudre, histoire de l’aider à commencer une nouvelle vie …

A noter ce qu’écrit Steve McCurry, concernant la mousson : « Au cours de l’année que j’ai passée à suivre la  mousson dans une douzaine de pays, j’ai appris à la considérer comme un événement d’une importance cruciale, et non comme la catastrophe qu’elle semblait être au premier abord. »

S’il s’attache particulièrement aux êtres humains, il lui arrive de réaliser des photos d’actualité, comme le jour où il sera le témoin, le 11 septembre 2001, de l’effondrement des tours jumelles du « World Trade Center », à New York, ou encore lorsqu’il se retrouva, en 1991, à Al Ahmadi, au Koweit, découvrant, en pleine « Guerre du Golfe »,  l’embrasement du pétrole, cette ville étant le siège de la « Kuweit Oil Company » (« Compagnie pétrolière du Koweit »).

Nombre d’enfants sont photographiés, parfois dans une position discutable, comme ce garçon, qui, au Pérou, plaçait un revolver, heureusement factice, sur sa tempe … Plus paisibles, nous voyons, en 2019, à Madagascar, deux garçons courant avec des cerceaux, un jeu quelque oublié chez nous, au XXIè siècle, mais qui était populaire, dans nos contrées, au XVIè siècle, comme Pieter Breughel l’Ancien (vers 1525-1569 ), le peignit dans son tableau « Les Jeux d’Enfants » (1560).

Voici l’occasion de nous rappeler ce que Nelson Mandala (1918-2013) écrivit : « Il n’y a pas de révélation plus profonde de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants. »

Nettement moins heureux que ces jeunes malgaches, nous découvrons, en 2002, deux enfants et deux mamans voyagent dans le coffre d’une voiture, à Kunduz, en Afghanistan, … les femmes n’étant pas toujours autorisées à prendre place à l’intérieur des véhicules.

Concernant son premier départ pour l’Afghanistan, il écrivit : « Je n’avais avec moi que deux boîtiers photos, quatre objectifs, un sac de films noir et blanc, une tasse en plastique, un couteau suisse et quelques sachets de cacahouètes de l’avion. Mes compagnons m’ont traité comme leur invité : la légendaire hospitalité afghane. Pendant deux semaines, j’ai suivi et documenté la vie de ces combattants dans les montagnes. C’était passionnant et excitant. Je me suis pris au jeu … mais je ne me suis jamais considéré comme un photographe de guerre, bien que mon travail en Afghanistan soit, je pense, l’une des périodes les plus dangereuses de ma vie. »

Outre ses nombreux portraits, Steve McCurry nous présente, également, des photos de déserts, comme à Petra, en Jordanie, ou de villes, comme à La Havane, à Cuba.

L’audio-guide nous apprend qu’à Jodhpur, en Inde, en 2007, Steve McCurry attendit plusieurs heures qu’un passant vienne animer son cliché, devant un mur orné d’empruntes de mains colorées. Ainsi, ce fut un petit garçon qui fut immortalisé, courant dans cette rue.

Concernant l’Asie, il écrivit : « J’ai pour ce continent une tendresse particulière. C’est là que j’ai commencé ma carrière. C’est là que j’ai vécu mes plus grandes émotions de conteur visuel. »

Concernant son intérêt pour les portraits, son attirance pour l’humain, soulignons ce qu’il écrivit : « La plupart de mes photos sont ancrées dans l’humain. Je recherche l’instant présent, l’âme essentielle qui transparaît, l’expérience gravée sur le visage d’une personne. J’essaie de transmettre ce que signifie être cette personne, une personne prise dans un paysage plus vaste que l’on pourrait appeler, je suppose, la condition humaine. »

La scénographie de l’exposition est enrichie par une vidéo sur ses voyages, ses aventures, son métier, nous permettant de mieux comprendre certains aspects de sa vie, le contexte de certaines photos et d’en découvrir un peu plus sur les personnes y figurant.

Entré à l’agence « Magnum » en 1986, Steve McCurry a remporté de nombreux Prix, entre autres, en 1980, le  « Robert Capa Gold Medal Award », ainsi qu’en 1984, fait exceptionnel, quatre premiers Prix, au « World Press Photo », sans oublier, à deux reprises, en 1985 & 1995, le Prix « Magazine Photographer of the Year » du « National Geographic », ayant été fait, en 2002, « Docteur honoris causa », à l’ « University of Fairleigh-Dickinson », dans l’Etat du New Jersey, et, en 2013, à Paris, « Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres ».

Cette exposition, « Steve McCurry Icons », proposée sous la direction artistique de Biba Giacchetti, ayant déjà été présentée à Chicago, Lisbonne, Madrid, Melbourne, Mexico City et Sydney, soyons nombreux à la visiter à Bruxelles, … qui sait, le mercredi 02 ou le vendredi 04 juillet, avant d’assister, sur cette même Grand’ Place, à une représentation de l’ « Ommegang », dès 21h (portes ouvertes à 19h30).

Ouverture de l’expo, due à la société belge « Exhibition Hub », en collaboration avec la société espagnole « Sold Out »  : jusqu’au lundi 01 septembre, du mercredi au lundi, ainsi que le mardi, pendant les vacances scolaires, de  10h à 19h (dernière entrée à 18h). Prix d’entrée : 16€ (14€, pour les membres d’un groupe de minimum 15 personnes et, par personne, pour 2 adultes & 2 enfants / 12€, de 06 à 25 ans & pour les personnes en situation de handicap / 1€25, pour les Art. 27 / 0€, pour les moins de 6 ans). Site web : https://www.mccurryicons.com/.

Pour tous ceux qui apprécient la photographie, le monde et ses habitants, une autre exposition – ouverte jusqu’au mardi 11 novembre – s’impose, à Bruxelles, sur site de « Tour & Taxis » : « Amazônia », nous présentant – dans une ambiance musicale confiée à Jean-Michel Jarre (°Lyon/1948) – plus de 200 photographies de la forêt amazonienne  et de ses autochtones, réalisées par Sebastião Salgado (1944-2025).

Comme nous avons évoqué le magazine« National Geographic », notons, aussi, l’organisation, au sein de l’espace muséal de la Gare ferroviaire des Guillemins, à Liège, de l’exposition « National Geographic. A la Découverte des Océans et du Monde sauvage », accessible jusqu’au dimanche 28 septembre.

Yves Calbert.

 

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