Les "Sculptures dans la Ville" de Luc De Man, à Namur, jusqu'au 31 Août

« Ma démarche artistique met en évidence l’équilibre ou le déséquilibre entre l’homme et son environnement » (Luc De Man).
« Dans mes oeuvres, je rassemble toujours deux éléments qui sont apparemment très différents, mais qui ne peuvent exister l’un sans l’autre. La forme sphérique ou l’effet miroir fait référence à l’environnement, la nature, tandis que le cube, parfait ou incomplet, et les lignes droites évoquent l’activité humaine. Le cube, pour moi, signifie un symbole pour une action humaine. Comme dans la nature, on ne sait presque par trouver de cube, je mets cette action humaine en balance avec une référence vers la nature ou l’environnement, un environnement intégré dans certaines oeuvres, grâce à des reflets au travers de miroirs. » (Luc De Man).
« Dans cette exposition, j’essaie de mettre l’environnement historique de Namur à l’honneur, à différents endroits en ajoutant des éléments/des sculptures qui renforcent l’environnement, nous amenant à regarder sous un angle différent » (Luc De Man).
Succédant au sculpteur liégeois Maxime Gesquière, alias « Kalbut », dans un style fort différent, c’est l’artiste gantois Luc De Man (°Hamme/1966) qui a été invité par la Ville de Namur, pour l’édition 2025 de « Sculptures dans la Ville ».
Diplômé comme ingénieur, puis de l’ « Académie des Beaux-Arts » de Dendermonde (Termonde), il a déjà exposé, notamment, à Berlin, Maastricht, Munich, New York, Paris, Pozman, Seattle & Venise, alors que 8 de ses sculptures sont exposées en permanence en Wallonie et 7 en Flandre. Pour deux mois, jusqu’au dimanche 31 août, voici cinq de ses sculptures exposées dans la Capitale wallonne, à la « Confluence », sur les places d’Armes, de l’Ange, Maurice Servais & de la Station.
Heureux de pouvoir exposer à Namur, il déclara, au micro de la « RTBF » : « Cette ville m’a toujours fasciné en raison de son contexte historique et notamment de sa situation géographique, au confluent de la Sambre et de la Meuse. Avant de choisir les œuvres exposées, j’ai essayé de m’absorber de l’atmosphère et de l’âme des différents lieux. Ce fut une étape importante, car, pour moi, une œuvre d’art tridimensionnelle doit toujours entrer en dialogue avec son environnement. »
Lors de la visite de presse du mardi 01 juillet, Luc De Man nous confia : « Les confluences m’inspirent. Ainsi, je suis né à Hamme, à la confluence de la Durme et de l’Escaut, alors que je vis à Dendermonde, à la confluence de la Lys & de l’Escaut, sur les rives duquel, à chaque confluence se trouve l’une de mes créations. Je ne peux donc qu’être heureux d’exposer, maintenant, entre autres, à la confluence de la Sambre et de la Meuse. »
… Et d’ajouter : « En octobre, l’une de mes sculptures prendra place à Liège, entre la gare des Guillemins et la passerelle ‘La belle Liégeoise’. » Ce ne sera donc pas près d’une confluence, cette fois, … mais toujours proche de l’eau, celle de la Meuse …
Ayant entamé notre visite de presse à la « Confluence« , il nous expliqua que son installation en acier, constituée de quatre éléments colorés, baptisée « Utopia » (« Utopie ») est, dès lors, fort bien située au pied de la création de Jan Fabre (°Antwerpen/1956), installée sur la Citadelle – « Searching for Utopia » (« A la Recherche de l’Utopie »/2003) -, acquise, en 2015, par la Ville de Namur.
Pour l’artiste gantois, cette installation colorée – constituée de 4 blocs géants de construction, rappelant les « réglettes Cuisenaire » utilisées par les enfants pour apprendre à calculer – évoque les chiffres 1, 2, 3 & 5, de la « suite de Fibonacci », tirant son nom du mathématicien italien Leonardo Fibonacci (vers 1170-vers 1250), dont le travail influença l’architecture, l’art, mais aussi la nature,
Sur la place d’Armes, proches de « Djoseph & Françwès », les personnages créés par le caricaturiste & peintre namurois Jean Legrand (1906-2002), statufiés, en bronze, depuis l’an 2000, devant « La Bourse », Luc De Man nous propose « Globes # 8 », deux demi-sphères, créées en acier corten, intéressantes à découvrir de près, puisque l’une d’elle, porteuse d’un miroir, nous permet d’apprécier le reflet des façades avoisinantes.
« L’aspect de ces sphères évoluera, durant leur présence à Namur, un processus de corrosion, leur donnant, petit à petit, un aspect rouillé« , nous confia l’artiste. Ainsi donc, avec les oeuvres de Luc De Man, nous sommes à la rencontre entre de deux extrêmes, le cube et la sphère, mais, aussi, le rouillé et le brillant.
Cet effet miroir, que nous venons d’évoquer, nous le retrouvons sur la place Maurice Servais, avec « Cubes #150 », quatre sculptures blanches, percées de formes sphériques y étant installées, trois d’entre elles nous montrant une décomposition d’un cube avec une sphère au milieu ; alors que sur la place de l’Ange, nous découvrons « Cubes », un alignement de quatre cubes, l’un étant pourvu d’un miroir réfléchissant, alors qu’un autre enferme une sphère.
Devant la gare de Namur, enfin, nous découvrons la première œuvre de Luc De Man où l’activité humaine n’est pas symbolisée par un cube mais par des lignes épurées, « Globe », une sphère réfléchissante, reflétant l’animation de la place de la Station, placée, en hauteur, entre quatre barres en acier. Serait-elle une évocation d’une boule de l’ « Atomium, trois de ces neuf boules ayant été créées à Jambes, territoire devenu namurois, en 1977 ?
En clôture de la visite de presse, la bourgmestre f.f. de Namur, ayant la culture dans ses attributions, Charlotte Bazelaire, reçut Luc De Man, au premier étage de l’ « Office de Tourisme » – sis dans l’historique « Halle al’ Chair », édifiée dans le dernier quart du XVIè siècle – déclarant : « Nous sommes heureux de vous recevoir à Namur, le choix de l’artiste invité, cette année, ayant recueilli l’unanimité, vos créations abstraites nous amenant à nous interroger, à dialoguer, la sculpture à ciel ouvert continuant à envahir notre espace urbain. »
Comme nous le signale notre collaboratrice Murielle Lecocq, dessinatrice et étudiante à l’ « Académie des Beaux-Arts », à Namur : « L’Art contemporain n’est pas toujours facile à appréhender quand on se promène seul dans une ville … Alors, une manière originale de le faire, c’est de regarder ces oeuvres sous un autre angle et de se laisser surprendre par l’environnement historique, qui, dans ses sculptures, se projette un peu déformé ou à l’envers, nous offrant des vues surprenantes. »
A chacun.e, donc, de s’approprier ces sculptures abstraites géométrisues, alors même que les oeuvres figuratives de « Kalbut », exposées l’an dernier dans le cadre des « Sculptures dans la Ville », se retrouvent, désormais, aussi bien dans le Centre-Ville que dans différentes anciennes communes de la Ville de Namur.
Ainsi, « Victor le Pic-Vert », présent à la Confluence, durant l’été 2024, se trouve définitivement à Loyers, à l’angle de la rue Bélair et d’un sentier, alors que « Dédé le Bousier » a pris place à Vedrin, sur la place de Longuenesse. Quant à « Léon le Héron », nous le retrouvons dans le quartier de Salzinnes.
… Allant des 47 mini-bonhommes de l’artiste espagnol Isaac Cordal (°Pontevedra/1974) jusqu’aux objets du quotidien surdimensionnés du créateur français, Lilian Bourgeat (°Saint-Claude/1970), saluons Namur, Ville de Sculptures, … qui sait, en 2030, « Capitale européenne de la Culture » …
Site web : http://www.lucdeman.be.
Yves Calbert.